Si comme moi vous avez écumé un peu Youtube, peut-être êtes-vous un jour tombé sur cette vidéo où un petit rigolo s'est amusé à remonter le film d'horreur Shining de Kubrick en une bande-annonce de comédie romantique. Le résultat est bluffant et je vous invite à la regarder.
Le rapport avec la critique de Suicide Squad? Eh bien c’est l’impression que me donne ce film. J’ai l’impression de voir un film remonté à partir d’éléments disparates d’un autre film à l’atmosphère bien différente à l'origine.
Les bande-annonces de Suicide Squad elle-même sont édifiantes sur le virage en épingle à cheveu du marketing. Le premier teaser auquel nous avons eu droit en 2015 présentait un film entrecoupé de fondus au noir tandis que le trailer de 2016 était celui d'un tout autre film, zébré de couleurs néons et rythmé sur le tempo de Bohemian Rhapsody.
Tout ça c’est très bien, mais alors autant rafistoler une bande-annonce ça passe tout seul, autant sur la durée d’un long-métrage les rustines et les morceaux de scotch commencent à se voir. Rythme saccadé, découpage incohérent et scènes visiblement rajoutées plus tard comme en témoignent l’existence de reshoots pour des raisons nébuleuses (mais selon la rumour pour rajouter des one-liners pourris)...pendant tout le visionnage on a cette impression tenace que quelque chose ne colle pas. Et c’est pour cela que beaucoup de choses qui ne vont pas dans ce film seront souvent attribuables à ce que j’imagine être la frilosité des distributeurs soucieux de fournir un film qui colle le plus possible à ce qu’ils supposent être les goûts de la plèbe et qui puisse rameuter toute la famille. Le résultat final semble ressembler à un monstre de foire, comme si les studios avaient décidé de mutiler leur film en lui faisant arborer un grand sourire forcé.
Désespéré face au rouleau compresseur Marvel qui nous a déjà prévu sa liste jusqu’en l’an 3046 (en gros, lorsque l’apocalypse nucléaire aura détruit toute vie humaine, il ne restera que des cafards rampants sur les affiches de ANTMAN 79), DC Comics veut désespérement démarrer son “univers étendu”, si seulement les gens voulaient être plus gentils avec leurs films. Etant donné que la mayonnaise Nolanesque “du gris, de la sueur et du sériousse-bizness” ne semble pas prendre par rapport au milkshake foufou saupoudré de smarties de l’univers Marvel, les producteurs semblent s’être donnés le mot:
Suicide Squad était le film de l’année que j’attendais depuis que la Warner m’avait proposé le pitch d'une équipe de sociopathes parmi lesquels on pourrait compter Harley Quinn et, en bonus, un Joker dans le fond. J’étais haïpé comme c’est pas possible. Et c’est tellement triste de se réveiller un matin en se disant: “Ah, ben le film que j’attendais depuis des mois, je l’ai vu hier. Pendant 2 secondes j’avais oublié, tiens. Merde, les souvenirs commencent à remonter, je veux pas affronter ça seul sans caleçon ni caféïne”.
Les bande-annonces de Suicide Squad elle-même sont édifiantes sur le virage en épingle à cheveu du marketing. Le premier teaser auquel nous avons eu droit en 2015 présentait un film entrecoupé de fondus au noir tandis que le trailer de 2016 était celui d'un tout autre film, zébré de couleurs néons et rythmé sur le tempo de Bohemian Rhapsody.
Tout ça c’est très bien, mais alors autant rafistoler une bande-annonce ça passe tout seul, autant sur la durée d’un long-métrage les rustines et les morceaux de scotch commencent à se voir. Rythme saccadé, découpage incohérent et scènes visiblement rajoutées plus tard comme en témoignent l’existence de reshoots pour des raisons nébuleuses (mais selon la rumour pour rajouter des one-liners pourris)...pendant tout le visionnage on a cette impression tenace que quelque chose ne colle pas. Et c’est pour cela que beaucoup de choses qui ne vont pas dans ce film seront souvent attribuables à ce que j’imagine être la frilosité des distributeurs soucieux de fournir un film qui colle le plus possible à ce qu’ils supposent être les goûts de la plèbe et qui puisse rameuter toute la famille. Le résultat final semble ressembler à un monstre de foire, comme si les studios avaient décidé de mutiler leur film en lui faisant arborer un grand sourire forcé.
Désespéré face au rouleau compresseur Marvel qui nous a déjà prévu sa liste jusqu’en l’an 3046 (en gros, lorsque l’apocalypse nucléaire aura détruit toute vie humaine, il ne restera que des cafards rampants sur les affiches de ANTMAN 79), DC Comics veut désespérement démarrer son “univers étendu”, si seulement les gens voulaient être plus gentils avec leurs films. Etant donné que la mayonnaise Nolanesque “du gris, de la sueur et du sériousse-bizness” ne semble pas prendre par rapport au milkshake foufou saupoudré de smarties de l’univers Marvel, les producteurs semblent s’être donnés le mot:
Suicide Squad était le film de l’année que j’attendais depuis que la Warner m’avait proposé le pitch d'une équipe de sociopathes parmi lesquels on pourrait compter Harley Quinn et, en bonus, un Joker dans le fond. J’étais haïpé comme c’est pas possible. Et c’est tellement triste de se réveiller un matin en se disant: “Ah, ben le film que j’attendais depuis des mois, je l’ai vu hier. Pendant 2 secondes j’avais oublié, tiens. Merde, les souvenirs commencent à remonter, je veux pas affronter ça seul sans caleçon ni caféïne”.
Mais avant de commencer la critique, de quoi parle Suicide Squad en un paragraphe? Et bien c’est l’idée d’une bonne femme, Amanda Warren, qui suggère que depuis la mort de SuperSpoiler, il serait temps que le gouvernement s’équipe d’une armée de méta-humains, quand bien même ces derniers seraient des serial killers ou des cinglés bons pour Arkham. Le powerpoint est classe, mais l’idée marche moins bien quand tu te rends comptes qu’à part un pyrokinésithérapeute (c’est comme ça qu’on dit?) et une bête mi-homme mi-alligator, l’équipe proposée pour contrer une menace dépassant toute technologique ou compréhension humaine comporte un mec qui vise bien (ouais mais genre très bien,hein), un mec avec des boomerangs, un mec doué en varappe, et une chtarbée avec une batte de baseball. Alors oui, y’a aussi l’Enchanteresse, une archéologue top-modèle possédée par une chamane aux innénarables pouvoirs, mais étant donnée que SPOILERS elle devient la méchante du film, le problème a été créé à cause de la mise en place de ce projet à la con, donc je voudrais qu’on m’explique comment Amanda Warren ne se retrouve pas à pôle emploi à la fin du film.
Pour un film qui met l’accent sur ses personnages, Suicide Squad les gère au final très mal. Comment voir les membres comme une équipe soudée quand le film à la base ne les traite clairement pas équitablement? Si l’affiche représentait le film, on aurait une grosse tête de Will Smith au centre, les fesses d’Harley Quinn juste derrière et les autres personnages qu’ont devineraient à peine dans le fond. Si Deadshot (Smith) est un personnage attachant dans le film, cela tient sans doute au fait qu’il s’agit du seul personnage auquel le film s’intéresse assez longtemps pour qu'on puisse cerner son passé, ses motivations et assister à son développement. Malheureusement ces derniers, pas franchement originaux, sont rendus encore plus clichés par l’acteur qui les incarne (tiens, Will Smith jouant un père prêt à tout pour le bien-être de son enfant?!! Du jamais vu!). Et c’est aussi ce qui rend son personnage de “méchant” tellement peu crédible: il ne serait pas capable de tuer une mouche sans que le film t’explique que la mouche en question avait menacé ses parents.
Dernière chose par rapport à Deadshot, son constume : il est très lorsqu’il a ce petit viseur rouge sur l’oeil, mais quand il met sa cagoule blanche avec des coutures, j’ai l’impression qu’il a un slip sur la tête.
Vous trouvez pas ? |
Et Harley?
Bon en toute honnêteté, Margot Robbie livre une bonne performance, toujours sur le fil du rasoir entre la joie de vivre et une fragilité intérieure qu’on ne voit qu’à de trop rares moment (notamment cette scène qui m’a plu, où elle semble déprimée après une tragédie personnelle avant de reprendre son sourire et sa pose aguicheuse habituelle sitôt qu’elle voit ses compagnons arriver. Folie pure ou simple masque social?). Mais honnêtement, si tout le monde attendait Harley Quinn en chair et en boobs, qui n’était jusque là que cantonnée aux cosplayeuses du festival des Comiconnes, c’est pour sa relation avec le Joker, la plus nocive de toute la culture populaire.
Et je me demandais franchement comment ils allaient traiter cette relation parce que c’est assez casse-geule. Si Harley est raide dingue du Joker, ses sentiments ne sont pas vraiment réciproques, puisque le clown ne fait que la manipuler pour ses desseins et la rejette dès que son joujou ne le fait plus marrer. Et Harley revient toujours, en bonne victime : la fille se fait gifler mais continue d’afficher un sourire de poupée. Comment allaient-ils réussirent à faire passer ça?
Tout simplement en l’ignorant. Le film nous expédie le début de leur relation dans un flashback de 5 minutes, et le Joker semble vraiment amoureux d'elle au point de passer le film à essayer de la secourir en bon chevalier aux dents en armure. Alors loin de moi l’idée de voir toute l’étendue de cette relation malsaine et abusive, tant mieux à la limite. Mais il semble pourtant qu’ayant retiré tout la misogynie liée à leur relation, les mecs ont décidé de quand même fournir une image dégradante de la femme du côté de son costume ras les chouquettes et le jeu de pompom girl en chaleur de Robbie.
Parmi les couples qui sont allés voir le film, je me suis demandé combien de filles se tournaient régulièrement pour constater une quelconque dilatation des pupilles de leur copain à chaque apparition du shorty d’Harley.
Je dis bonne chance aux futures cosplayeuses face à leur pneumonie.
Y’a eu pas mal de battage autour de la préparation intensive de Jared Leto pour le rôle du Joker, où l’on apprenait que les autres membres de l'équipe avaient rarement vu l’acteur en dehors du tournage du film, tant il restait reclu pour paufiner son interprétation. Ouais, ben je trouve que c’est pousser le method acting un peu trop loin, parce que moi aussi j’ai l’impression de l’avoir rarement vu dans le film.
Plus sérieusement, c’est sans doute encore une fois lié au passage à la guillotine lors du montage final. Mais le problème c’est que les bribes qui restent de sa présence à l’écran l’empêchent de vraiment créer un impact. Que peut-on donc juger du fonds de yaourts, du peu qu'on en a vu? Eh bien qu’il a au moins tenté un jeu différents de ses prédécesseurs, propose un rire intéressant (sorte de ricanement au ralenti) mais présente peut-être un jeu un peu trop forcé, à base de mouvements de tête, de pauses un peu trop appuyées et d’yeux révulsés comme s’il venait de jouir devant sa propre performance.
Parmi les “gentils”, on a droit à Rick Flagg, personnage militaire aussi coupé au carré que son intrigue amoureuse, et Amanda Waller, qui est tellement génialement interprétée par Viola Davis qu’elle parvient à réussir l’exploit d’être le seul personnage qui mérite vraiment son titre d'“ordure humaine”, tant elle est bien plus vénéneuse et inquiétante que les autres branquignols qui composent cette équipe de psychopathétiques.
Je n’ai rien à redire sur le reste de l’équipe. En fait je n’ai rien à dire à la base, parce qu'ils font office de figurants, à tel point qu'ils possèdent différents grades d’insignifiance, que je me suis permis de vous présenter dans ce rapide tableau jaugeant pour chacun d’entre eux le degré d'intensité avec lequel le spectateur s'en bat les steaks.
Quant à la musique, là aussi on sent les directives des distributeurs prêts à dépenser des millions en droits d’auteurs rien que pour avoir une BO à la “Guardians of the Galaxy”. Les tubes rythmés s’enchaînent sur des scènes qui ne s’y prêtent pas vraiment, comme le ferait un amateur sur Movie Maker pour rendre son montage de vacances au Seychelles plus gangsta.
Le pire dans tout ce bordel, c'est la frustration qui en résulte. Frustration dans les attentes du films, mais surtout frustration parce que je sens très bien que tous les reproches que je fais à ce film ne sont sûrement pas tous imputables aux acteurs ou à David Ayer. Au moins, avant, quand un film était mauvais je savais que je pouvais diriger diriger mon venin vers au moins un nom sur l'affiche, mais aujourd'hui, mes critiques sont en grande partie adressées vers une entité vague, sans visage, vers ceux que j'imagine être des clones en costar-cravates ayant troqué des études de cinéma pour des études de marché.
Parce qu'on sait comment ça va se passer maintenant. A la sortie du DVD, on aura droit à une version plus longue et plus dark, plus proche de la vision d'origine du réalisateur.
Mes chers frères Warner, à la limite si vous voulez maintenant fonctionner comme ça, allons jusqu'au bout. Arrivé au guichet, face à la pléthore de choix de visionnage (2D, 3D, VO, VF, IMAX, popcorn sucré ou salé), proposez désormais le choix au spectateur entre la Director's Cut et la Version Aseptisée pour toute la famille.
Pour terminer sur un constat plus sérieux, je dirais que quoi que vous fassiez, réaliser un film relève toujours du pari. Et plus on mise gros, plus on veut limiter les risques, je comprends, mais à ce point-là ça revient à faire du saut à l'élastique le corps recouvert de rembourrage, avec un filet à la réception, le tout depuis l'altitude que procure un bord de trottoir. Ca n'a plus de gueule. En termes militaire, DC Comics a tenté de limiter les pertes en envoyant un drone lisse et froid bombarder le box-office, et moi j'ai envie de dire: où est la mission-suicide là-dedans?
Parce qu'on sait comment ça va se passer maintenant. A la sortie du DVD, on aura droit à une version plus longue et plus dark, plus proche de la vision d'origine du réalisateur.
Mes chers frères Warner, à la limite si vous voulez maintenant fonctionner comme ça, allons jusqu'au bout. Arrivé au guichet, face à la pléthore de choix de visionnage (2D, 3D, VO, VF, IMAX, popcorn sucré ou salé), proposez désormais le choix au spectateur entre la Director's Cut et la Version Aseptisée pour toute la famille.
Pour terminer sur un constat plus sérieux, je dirais que quoi que vous fassiez, réaliser un film relève toujours du pari. Et plus on mise gros, plus on veut limiter les risques, je comprends, mais à ce point-là ça revient à faire du saut à l'élastique le corps recouvert de rembourrage, avec un filet à la réception, le tout depuis l'altitude que procure un bord de trottoir. Ca n'a plus de gueule. En termes militaire, DC Comics a tenté de limiter les pertes en envoyant un drone lisse et froid bombarder le box-office, et moi j'ai envie de dire: où est la mission-suicide là-dedans?
P.S : On m’a dit qu’il serait plus clair de mettre une note finale à la fin de mes critiques de film...pour celui-là ce serait 2 étoiles sur 5. Pas mauvais en soi, mais tellement éloigné à la fois des attentes et de ce que j’imagine être le film d’origine tourné par le directeur que ça en devient franchement foutage de gueule.
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